Frantz Gault est le directeur général de LBMG-Worklabs, une start-up qui conçoit des solutions destinées à permettre aux entreprises et aux organisations de travailler autrement. Leader sur les sujets liés au télétravail et au coworking, LBMG-Worklabs accompagne au quotidien la conduite du changement tout en imaginant à quoi pourrait ressembler le travail de demain.
Comment peut-on aider les entreprises à mettre en place le télétravail ? A quels enjeux faut-il répondre ? Comment mesurer l’efficacité de ce type de projets ? Frantz Gault a répondu à nos questions.
En quoi consiste votre activité ?
Chez LBMG-Worklabs, nous aidons les organisations à se transformer pour gagner en flexibilité dans l’organisation du travail. Cela passe principalement par la mise en place du télétravail et d’autres formes de mobilité. Par ailleurs, puisqu’avec le travail à distance les collaborateurs ne se rendent plus tous les jours dans les locaux de l’entreprise, nous repensons les bureaux et nous créons des espaces de travail partagés. Enfin, nous proposons une application qui regroupe tous les tiers-lieux : espaces de coworking, centres d’affaires, café WiFi… L’objectif étant de permettre aux entrepreneurs et aux télétravailleurs de réserver un lieu de travail quand ils sont en déplacement.
(Source : LBMG-Worklabs => voir l’infographie complète)
La presse relaie souvent l’idée que la France est en retard en matière de télétravail : ce n’est plus vrai depuis plusieurs années. La très grande majorité des grandes entreprises a signé un accord relatif à son organisation. Quant aux entreprises de taille moyenne et aux PME, elles ne s’appuient pas nécessairement sur un accord écrit mais pratiquent néanmoins du télétravail informel.
« Pour les grandes entreprises, l’enjeu du télétravail, c’est de se mettre en conformité au regard de la loi et de surmonter les résistances liées à la culture du travail, souvent régie par des horaires de présence dans les bureaux. »
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L’entreprise de demain sera flexible
Nous aidons les comités de direction et les comités exécutifs à définir une stratégie car, si le télétravail est une attente forte des salariés, il faut aussi qu’il ait un intérêt pour les entreprises. Nous réfléchissons donc aux impacts positifs qu’il peut avoir en termes d’organisation, de culture managériale et même d’immobilier.
« Nous ne travaillons pas sur l’aspect technique. Nous considérons qu’une entreprise qui n’est pas à jour sur le numérique a dix ans de retard. Si c’est le cas, nous allons voir le DSI pour qu’il mette en place des ordinateurs portable, des logiciels collaboratifs et de la vidéoconférence. »
Nous accompagnons aussi la conduite du changement, avec des formations mais surtout, avec des ateliers collaboratifs visant à co-construire une nouvelle organisation. Nous faisons également de la communication pour diffuser les bonnes pratiques.
(Vidéo : LBMG-Worklabs)
Comme le télétravail ne se fait pas uniquement à domicile, nous mettons à disposition des entreprises des outils pour utiliser les tiers-lieux.
En France, il y a près de 700 tiers-lieux professionnels. Une entreprise de 100 000 salariés a besoin d’avoir un maillage territorial qui couvre toute la France. Nous avons donc réuni et fédéré tous les espaces de France dans une seule application, neo-nomade qui, aujourd’hui, est utilisée par le Crédit Agricole, Générali et même EDF. Au-delà d’une simple carte de référencement, c’est aussi un processus de centralisation des achats : chaque mois, l’entreprise reçoit une facture unique, même si elle a 10 000 salariés qui travaillent dans 10 000 lieux différents. Nous gérons également la technique, les réservations et les éventuels problèmes.
« Demain, au lieu d’avoir une tour à La Défense, les entreprises auront de l’immobilier flexible, à la demande. »
Co-construire avec les salariés : l’exemple du credit agricole
Concrètement, à quoi ressemblent les chantiers que vous menez ?
Nous avons travaillé récemment avec une entité du Crédit Agricole qui compte environ 1 000 salariés. Installée à l’origine près de Paris, elle a déménagé à Saint-Quentin-en-Yvelines, à l’ouest de Versailles. S’ils pratiquaient déjà le travail à distance 1 jour par semaine, aujourd’hui, les salariés peuvent télétravailler deux jours par semaine, à domicile ou dans des tiers-lieux.
Nous avons accompagné la conduite du changement et nous avons facilité l’utilisation des tiers-lieux. Nous les avons également aidés à repenser leurs nouveaux bureaux, pour aller vers plus d’espaces collaboratifs. C’est une démarche assez innovante. D’habitude, une entreprise qui refait ses bureaux demande plutôt à un architecte ou un space planner. Nous, nous avons construit les nouveaux plans avec les salariés : nous leur avons donné une feuille blanche et leur avons demandé ce qu’ils voulaient. Bien sûr, ils ont souvent conservé une partie bureaux « classique », mais ils ont aussi proposé de partager leurs bureaux entre eux et d’ajouter des espaces de rencontre et de convivialité, des canapés, des cafétérias, des babyfoots, des salles de réunions avec des assises hautes…. Finalement, ce sont les salariés eux-mêmes qui ont injecté de l’innovation dans les bureaux.
(Photo : LBMG)
Comment pouvez-vous mesurer l’efficacité de vos projets ?
Nous avons fait des enquêtes de suivi du télétravail dans beaucoup d’entreprises, nous mesurons la satisfaction générale, mais aussi l’impact sur la productivité – en général, plus 15% de productivité – mais aussi la communication dans l’équipe, le climat, l’ambiance.
« Il y a des freins avant de passer au télétravail, mais, une fois que le cap est passé, on se rend compte que 98% des équipes sont satisfaites. Et il ne s’agit pas uniquement des télétravailleurs mais aussi de leurs managers et collègues. »
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