Des Google Glass pour les jeunes autistes ? C’est l’idée de Brain Power, une start-up américaine créée par Ned T. Sahin, un chercheur spécialisé dans les neurosciences. Grâce à un logiciel, les lunettes de réalité augmentée de Google peuvent devenir une aide précieuse pour ces enfants qui ont souvent des difficultés à établir un contact avec leur environnement.
C’est à l’occasion d’un symposium sur l’autisme organisé au MIT, que Ned T. Sahin a eu l’idée d’utiliser les Google Glass pour aider les enfants autistes à communiquer avec leurs proches. En effet, contrairement à un smartphone ou à une tablette, ces wearables incitent l’enfant à se connecter avec ce qui l’entoure plutôt que de se renfermer sur un écran.
Pour faire des lunettes de réalité augmentée un véritable outil de neuro-assistance, le scientifique a eu l’idée de leur ajouter un processeur et un logiciel spécifique. Interviewé par Industries & Technologies, Ned T. Sahin explique :
« Nous voyons les Google Glass comme un simple ordinateur pour, ensuite, développer les fonctionnalités de notre choix. »
Aider les jeunes autistes à acquérir des compétences sociales
Afin d’encourager les jeunes autistes à créer davantage de contact visuel avec leurs proches, la start-up a misé sur la gamification. Une fois les lunettes enfilées, l’enfant voit apparaître sur le visage de son interlocuteur un petit personnage de dessin animé, destiné à attirer son regard. S’il regarde dans la bonne direction, il obtient alors un point.
Les Google Glass sont également dotées d’un système visant à faciliter la reconnaissance des expressions faciales et du langage corporel, autre trouble fréquent chez les autistes. Grâce à un système de vision par ordinateur, l’enfant peut choisir entre deux émotions proposées, simplement en inclinant la tête.
Le machine learning pour détecter les crises
Pour savoir si l’enfant est sur le point de faire une crise, des capteurs intégrés mesurent plusieurs indicateurs : le clignement des yeux, les basculements, la respiration… Avec à ces données, le logiciel est capable de comprendre le comportement de l’enfant et peut même évoluer grâce à l’apprentissage automatique.
A l’heure actuelle, 200 familles participent au programme test, après avoir acquis le kit pour l’équivalent de 1 500 euros. Ned T. Sahin s’apprête également à lancer une campagne de financement participatif. Des essais cliniques devraient par ailleurs commencer début 2016, en partenariat avec le Massachusetts General Hospital de Boston. A plus long terme, l’outil pourrait être décliné pour les patients atteints de lésions cérébrales, d’hyperactivité voire de maladies de Parkinson ou d’Alzheimer.
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Les wearables pour gagner en autonomie
A Stanford, un projet comparable a été lancé en novembre 2015. Dans le cadre de The Autism Glass Project, Catalin Voss et Nick Haber ont imaginé un dispositif pour aider les enfants à identifier les émotions de leurs interlocuteurs de manière ludique.
En 2014, c’est l’Oculus Rift, un casque de réalité virtuelle, que le professeur Jason Beach de l’Université technologique du Tennessee a utilisé comme outil pédagogique auprès de jeunes autistes. En créant des expériences virtuelles immersives, l’Oculus Rift permet en effet l’apprentissage de certaines compétences – recherche d’un travail par exemple – dans un environnement plus naturel.
Dans le secteur de la santé, les technologies peuvent faciliter l’intégration des patients et les aider à gagner en autonomie. Plus simples à utiliser que les tablettes, qui ont tendance à isoler davantage, les wearables sont une alternative qui permet de rester connecté au réel. Les mois à venir pourraient donc voir éclore toujours davantage de projets… Alors, à quand des objets connectés sur nos ordonnances ?
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