Dans une tribune publiée dans Le Monde, Giuseppe Nicoletti, économiste à OCDE, fait un véritable plaidoyer pour la diffusion des nouvelles technologies. Son argument ? Ce sont elles qui nous aideront à améliorer notre productivité, non pas en travaillant plus dur ou plus longtemps, mais plus intelligemment… avec à la clé la promesse d’une reprise de la croissance.
Après une explosion aux XXe et XXIe siècles, la productivité a ralenti dans les pays avancés, notamment en France. Or, pour Giuseppe Nicoletti – qui cite l’économiste américain Paul Krugman, « prix Nobel d’économie » 2008 – la productivité est le pilier de la croissance :
«La productivité n’est pas tout mais, à long terme, c’est presque tout. »
L’analyse de l’économiste de l’OCDE est sans appel :
« Sans une accélération durable de la productivité, la croissance continuera à être faible et le monde sera sûrement moins prospère à l’avenir. »
Quel rôle peuvent jouer les nouvelles technologies dans l’avenir de la productivité ? Giuseppe Nicoletti rappelle les enjeux du débat qui mobilise les économistes :
« [Certains] pensent que les nouvelles technologies ont déjà épuisé leur potentiel innovant, [d’autres] pensent au contraire que leur effet stimulant se maintiendra et conduira bientôt à une nouvelle accélération de la productivité. »
Giuseppe Nicoletti appartient plutôt à la seconde catégorie. S’appuyant sur un rapport de l’OCDE paru en 2015 (« Le futur de la productivité »), il explique :
« Ce n’est pas un manque d’innovation mais plutôt le ralentissement de la diffusion des avancées technologiques dans les économies des pays industrialisés, dû en partie aux obstacles engendrés par des politiques inadaptées, qui réduit, depuis le tournant du siècle, l’impact des innovations sur la productivité. »
Pour lui, les politiques publiques ont un véritable rôle à jouer pour inverser la tendance. Des politiques inadaptées créent une réalité complexe, faite d’entreprises innovantes et productives, à la croissance forte, et d’autres « qui n’y arrivent pas ». Entre les deux, l’écart s’accroît chaque jour un peu plus.
Selon Giuseppe Nicoletti, la solution se trouve donc dans les politiques publiques. En effet, ce sont elles qui pourront « relancer la machine de la diffusion, inverser la courbe de la productivité et assurer l’avenir de la croissance » en assurant un environnement favorable à l’innovation et à la diffusion des nouvelles technologies.
Le constat de ce fossé entre un petit nombre d’entreprises technologiques très innovantes et d’autres, moins avancées dans leur transformation, c’est aussi celui que fait Bruno Grossi, Directeur Exécutif du groupe Econocom. Pour lui, l’adoption des outils digitaux et, plus globalement, la transformation numérique de la société, est un enjeu crucial. Or, les entreprises ont encore beaucoup d’efforts à faire :
« Alors que le numérique révolutionne notre quotidien et bouleverse nos habitudes, il existe un décalage trop important entre les pratiques digitales en entreprise et celles de notre sphère privée. »
L’urgence est là et il est indispensable que les entreprises améliorent leur productivité en s’ouvrant à la révolution numérique. Digital for all now ? Plus que jamais : c’est aujourd’hui la condition sine qua non pour que le pays retrouve de la croissance.
=> Retrouvez la tribune de Guiseppe Nicoletti sur LeMonde (accès payant)
=> Consultez « Le futur de la productivité », un rapport publié en 2015 par l’OCDE (en anglais)
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– Pour une révolution culturelle du numérique / Bruno Grossi, Laurence Parisot et Isabelle Denervaud
– Pratiques digitales : où en sont les grandes entreprises ?
– Réduisons la fracture numérique en sphères privée, publique et professionnelle / Jean-Louis Bouchard
– Au cœur de la crise, les entreprises qui s’en sortent sont celles qui ont entamé leur transformation digitale / Véronique Di Benedetto
Crédit photo : tec_estromberg / Flickr.com / CC BY 2.0